MAUER

Mauer, Bonn | Das Esszimmer, Bonn, Allemagne 2013 |
du 17 octobre au 25 novembre 2013

Dans la première salle, une immense vague ondule au souffle d’un ventilateur. C’est une mince feuille de polyéthylène qui envahit l’espace.
Dans la deuxième salle, un mur de briques est couché au sol, comme la projection horizontale du mur blanc, comme son ombre. Il devient un paysage.
Sur une table, un article raconte l’histoire tragique de la dernière victime du mur de Berlin.
avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, de l’Institut Français/Ville de Lyon et de Wienerberger
« Winfried Freudenberg est né en 1956. Il étudie les technologies de l’information et obtient un diplôme en génie électrique. Dans un club d’étudiants, il rencontre Sabine, étudiante en chimie. Le jeune couple se marie à l’automne 1988 et se rend vite compte que l’État leur refuse la possibilité « de voyager, d’assister à des conférences, d’effectuer des recherches et de contacter des personnes de pays occidentaux », explique plus tard Sabine Freudenberg.

Tout de suite après leur mariage, le couple commence à préparer son évasion à bord d’un engin gonflable. Pour se procurer le gaz naturel nécessaire au ballon, Winfried accepte un emploi dans le service d’approvisionnement en gaz d’un consortium d’énergie. Il emménage avec sa femme dans un appartement du quartier de Prenzlauer Berg, à Berlin-Est. Le couple achète discrètement de petites quantités de feuilles de polyéthylène, matériau souvent utilisé pour les tentes. Les Freudenberg commencent à monter un ballon artisanal de 13 mètres de haut et de 11 mètres de diamètre dans leur appartement. Un vent modéré de nord-est souffle le soir du 7 mars 1989. Les Freudenberg emballent la « montgolfière » et rejoignent une station de contrôle d’approvisionnement en gaz, au nord de Berlin. Winfried possède une clé de l’établissement pour son travail. Juste avant minuit, ils commencent à gonfler le ballon avec du gaz naturel. Il se remplit lentement et, une heure plus tard, devient clairement visible dans l’obscurité. Le vol aurait sûrement pu réussir si un jeune serveur n’était passé par là et n’avait informé la police est-allemande. Une voiture de police est arrivée juste après deux heures du matin. De peur que le ballon n’ait pas encore assez de gaz pour transporter deux personnes, ils décidèrent que Winfried parte seul. Au décollage, les sacs de ballast frottèrent contre un câble à haute tension, créant des étincelles et provoquant une panne d’électricité dans la localité voisine. Ce décollage en hâte a eu des conséquences inattendues. Sans le poids de son épouse, Winfried Freudenberg est monté beaucoup plus vite et plus haut que ce qu’il avait prévu. Une reconstitution de son itinéraire de vol a conclu que le ballon est monté à près de 2000 mètres, puisque c’est à cette altitude que le vent changeait de direction ; le ballon a été balloté entre l’Est et l’Ouest au gré du vent. Il est passé à 20 kilomètres-heure au-dessus
de la frontière sans être vu pour arriver au dessus de l’aérodrome de Tegel, où il a probablement essayé d’atterrir. Mais le cordon d’urgence qui permettait au ballon de s’ouvrir et de se fermer n’a pas fonctionné. Winfried avait calculé que le vol prendrait une bonne demi-heure ; il est resté dans les airs pendant plusieurs heures, flottant très haut et à des températures glaciales.

Vers 7h30 du matin, Winfried s’écrase dans le jardin d’une villa du quartier de Zehlendorf, à Berlin- Ouest, et meurt sur le coup. Sabine, elle, est arrêtée et condamnée à trois ans de probation.
Elle est amnistiée le 27 octobre 1989. »

d’après l’article de Hans-Hermann Hertle et Maria Nooke u.a., Die Todesopfer an der Berliner Mauer 1961-1989, www.chronik-der-mauer.de
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